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Interview de Corneille Akpakoun


Aujourd’hui, nous vous offrons la possibilité de découvrir un ancien joueur pro du basket français, du nom de Corneille Akpakoun, plus connu sous le nom de Corneille. Son expérience lui a permis de contribuer au développement de jeunes basketteurs, et l’a amené à créer un camp de Basket-ball basé aux Etats-Unis: le CBCLA.
Prêt à nous en dire plus sur son parcours, et ce qui le motive dans son activité, c’est l’occasion de découvrir quelqu’un qui souhaite davantage d’équité dans le monde du basket professionnel français, et tente de sensibiliser les jeunes joueurs à l’existence du Sport-Etudes, qui est très développé sur les campus américains.
JJ: Parlez-nous un peu de vous, svp.
CA: Je m’appelle Corneille Akpakoun, et je suis un ancien joueur de basket-ball qui, entre 1995 et 2005, a joué à quasiment tous les niveaux du championnat français. Les années 2000, 2002, 2003 et 2005 sont celles où j’ai connu le meilleur de ma carrière, puis j’ai ensuite continué vers la N2 et la N3 à partir de 2007-2008, où j’ai intégré le club de Poissy, et ensuite celui de Versailles.
Après cela, j’ai décidé d’arrêter la compétition professionnelle, mais me suis tout de même posé la question de savoir comment contribuer à ce sport. Car après ce que j’ai vécu durant tout ce temps, je souhaitais savoir comment rendre aux jeunes ce que le basket m’avait donné. Et c’est là que j’ai crée le camp, il y a 6 ans de cela.
JJ: Avez-vous une carrière de coach?
CA: Tout à fait. Je peux même dire que j’ai coaché depuis très longtemps, vu qu’en France le basket n’est pas l’un des sports les mieux payés qui soit. Du coup, pour gagner un peu plus, j’avais accepté d’encadrer des joueurs par-ci par-là, en particulier des cadets et des minimes.
Mes débuts ont commencé quand j’avais 18-19 ans, et que je m’occupais des mini-poussins, avec l’argent comme principale motivation. Mais petit à petit cela m’a plu, et mon background fait que ça ne m’a pas dérangé plus que ça d’entraîner les plus jeunes. Il faut savoir que parallèlement à tout ça, j’ai fait des études et validé mes diplômes pour devenir professeur de mathématiques, donc l’éducation et la transmission du savoir sont des points que j’adore.
JJ: Présentez-nous ce camp que vous avez crée.
CA: Il s’agit du Corneille Basket Camp Los Angeles. J’ai donné mon nom au club, comme d’autres joueurs de basket l’ont fait pour les leurs, afin de lui conférer une identité, comme c’est le cas pour celui de Tony Parker et bien d’autres.
Lorsque je l’ai crée, en 2012, mon souhait était de faire quelque chose dans le basket qui soit différent du coaching. A l’époque, je m’occupais beaucoup d’équipes plus ou moins jeunes, ainsi que de joueurs en individuel qui ressentaient la nécessité de progresser sur des secteurs précis. Mais je voulais faire quelque chose à plus grande échelle, et contribuer à la transmission de ce sport envers les jeunes basketteurs, sans avoir forcément besoin de les entraîner de par moi-même.
JJ: Comment avez-vous eu cette idée?
CA: Je me suis lancé après une visite à Los Angeles chez un proche, qui m’avait invité ainsi que mes jeunes joueurs de niveau cadet France, que j’entraînais à l’époque avec l’équipe de Versailles. Nous avions été conviés pour faire un match amical contre les jeunes joueurs de son lycée, et c’est une expérience qu’on a tous adoré.
Là-bas, j’ai pris conscience de ce qui me manquait, et trouvé les réponses aux questions que je me posais concernant le basket français. C’était comme prendre conscience que j’aurais dû faire toute ma carrière basket dans ce pays, et dès lors j’ai voulu donner aux jeunes la possibilité de découvrir là-bas ce que j’y ai trouvé. Il ne s’agit pas seulement d’ouvrir leur esprit, mais surtout de leur faire prendre conscience qu’ils peuvent faire du basket et étudier là-bas, en raison d’une énorme diversité de bourses sport-études dans ce pays.
JJ: Pouvez-vous nous parler des différences avec la France?
CA: En fait, le Sport-études en France est plutôt restreint, et on est dans l’obligation de choisir entre sports et études, là où les américains ont toujours été habitués à marier le sport avec la scolarité.
De plus, il y a aux Etats-Unis la NCAA, qui représente le championnat des universités, faisant en sorte que les meilleurs joueurs possèdent un niveau universitaire. Je me suis souvent demandé pourquoi en France, il n’y a pas la volonté de faire ça, mais bon, je ne peux pas non plus changer la politique française de ce sport. Cependant, je peux faire comprendre aux jeunes qu’ils ont quand même des opportunités, et qu’il y a des alternatives qui leur évitent de devoir tout lâcher pour le basket.
Donc mon souhait, c’est d’orienter ces jeunes vers ce championnat, pour qu’ils puissent se former au sport, comme aux études. Et ceux qui le veulent pourront revenir en France jouer à haut niveau, mais avec un diplôme en poche. Comme ça, quand leur carrière de basketteur sera terminé, ils pourront se reconvertir tranquillement et intégrer le monde du travail.
JJ: Y a-t-il vraiment une demande parmi les jeunes en France, pour partir jouer aux USA?
CA: Oui, et cette demande est énorme! Si l’on prend 10 joueurs qui ont entre 14 et 20 ans, et qu’on leur demande s’ils aimeraient jouer aux Etats-Unis plutôt qu’en France, il y en a 8 qui répondront positivement.
Il faut cependant savoir qu’il y a une grande influence de la fédération de basket sur les coachs et les joueurs, leur faisant croire qu’il faut forcément passer par la filière d’excellence française pour devenir joueur professionnel.
Après, c’est quand même une bonne filière qui peut amener un joueur à devenir pro. Il concerne un petit créneau de 100 joueurs sur toute la France, et il est compréhensible d’y rester quand on en fait parti, car celui qui arrive en Espoir n’est vraiment pas loin du monde professionnel, à moins d’en être le 10ème ou 11ème joueur. Donc à ce stade, les résultats comme la progression et la volonté permettent d’atteindre cet objectif.
Donc, c’est une filière qui est bonne… mais seulement pour quelques joueurs. Car voilà, que fait-on pour tous les autres qui n’ont pas eu la chance d’intégrer cette dernière? Eh bien, ce sont eux que je veux avant tout ramener aux Etats-Unis, et leur faire comprendre que rater la 1ère sélection française, ça ne veut pas dire que c’est terminé pour autant. Là-bas, il y a tellement de sport-études qu’ils trouveront forcément leur bonheur quelque part. On leur donne les mêmes cartes que tout le monde, qu’ils n’auraient pas eu en France en dehors de la filière d’excellence pro. Donc l’opportunité leur étant fourni, c’est maintenant à eux de travailler, et prouver qu’ils peuvent  y arriver!
JJ: Quelles ont été, et sont toujours, les plus grandes difficultés dans ce genre de projet?
CA: Y en a quand même plusieurs, et pas n’importe lesquels! D’abord en France, c’est le fait de se confronter à la fédération. Entrer en conflit avec leurs membres, sur un sujet sensible qu’ils connaissent très bien, et pour lequel ils font le choix de sacrifier 10000 joueurs pour en choisir 1 de bon. Ayant fait parti de ces sacrifiés, j’ai dû batailler pour arriver au plus haut niveau, donc même s’ils assument leur choix politique, je ne suis clairement pas d’accord avec eux. Encore une fois, je veux que tout le monde ait les mêmes cartes, et que celui qui veut travailler y arrive.
Après, venant d’une famille d’entrepreneurs, je connais les business plans. Mais si l’on a pas une formation scolaire, il est difficile de se confronter au monde administratif français, qui est tordu et fait exprès pour embrouiller les personnes qui n’y sont pas préparés.
Par exemple, pour créer une entreprise afin d’emmener des jeunes là-bas, il faut certains agréments. Et certains d’entre eux nécessitent de lire et remplir des dossiers de 100 pages, donc même avec une bonne intention à la base, tout le monde n’est pas prêt à le faire.
En revanche, j’ai moins de problèmes aux Etats-Unis, car là bas, si tu veux faire quelque chose, y aura quelqu’un pour t’aider, tant que tu le payes. En France, si tu n’es pas une association, et que tu n’es pas bien vu par la ville, ce n’est même pas la peine de chercher un gymnase.
La seule barrière était celle de la langue, qui a fait en sorte que mes débuts là-bas furent difficiles. Mais mon partenaire de projet ayant déjà de bonnes bases en Anglais, on a pu continuer malgré tout.
JJ: Quel meilleur souvenir gardez-vous de vos stages?
CA: Il y en a tellement… mais je pense que ce qui m’a rendu amoureux de ce projet, et de ce qu’on y offre, c’est la visite de l’université de UCLA. J’y ai trouvé là-bas ce qui collait le plus avec l’idée de sport-études. Et quand j’ai vu les moyens qu’ils ont… c’est largement au dessus de ce que peut fournir l’équipe de France. Et c’est utilisable 24 heures sur 24, il suffit d’avoir une carte pour y accéder. De plus, le coach ne se limite pas qu’à la technique, il prend également l’aspect mental et psychologique du joueur. Après avoir vu tout ce qu’il a fait, je me suis dit que j’aurais dû être là-bas dès mes 17 ans.
JJ: Avez-vous réussi, via vos stages, à placer de jeunes joueurs aux Etats-Unis? Quel est votre but pour l’avenir?
CA: Servir de tremplin pour jouer aux USA ou au Canada, ça fait partie des objectifs du camp. Il y a 5 ans, on a réussi à placer un de nos joueurs chez un coach franco-américain, ce qui lui a permis de trouver une bourse sport-études à Cleveland. Il n’a certes pas tenu bon, mais au moins il a eu sa chance, et c’est une expérience très enrichissante pour lui. A peu près chaque année, on a des joueurs qu’on arrive à mettre au lycée ou à l’université, au Canada comme aux States.
JJ: Votre organisation met-elle uniquement en place les stages d’été, ou d’autres activités sont-elles organisées?
CA: Eh bien, on a notamment crée une structure en Île de France, du nom de CBC, ou Corneille Basket Club. Ça date d’il y a 3 ans, et fonctionne comme un pôle d’entraînement pour se perfectionner. Il y a un rassemblement de plusieurs gymnases, pour accueillir des jeunes de divers horizons, et on essaie de les préparer pour qu’ils tentent l’expérience du haut niveau. Il y a un suivi derrière tout ça, ayant moi-même l’envie de donner aux jeunes les conseils que l’on ne m’a pas donné à l’époque.
JJ: Avez-vous des projets à venir, ou des améliorations à prévoir?
CA. L’un de mes souhaits serait de permettre l’intégration d’une ligue d’été, pour des joueurs de haut niveau. Il y a tout type de niveau au camp, mais ce serait une chance pour les très bons de pouvoir intégrer une summer league, et se faire remarquer.
Un autre serait de développer ma structure en France, et en faire un Centre de Formation, avec hébergement et tout ce qui va avec. Si j’y parviens, la fédération ne pourra plus rien faire contre ça. Donc je cherche toutes les alternatives, notamment trouver un partenariat avec un privé, pour avoir un gymnase sans passer par la mairie.
Cependant, même si je cherche à me développer davantage, les clubs de basket, le comité et la fédération ne doivent pas craindre mon organisation, mais plutôt comprendre que nous sommes complémentaires au bon travail qu’ils ont déjà effectué.
JJ: Que peut-on vous souhaiter pour la suite?
CA: En premier lieu, que les jeunes soient nombreux chaque été à répondre présent. Mais comme ces derniers sont souvent en clubs, je me sers davantage des réseaux sociaux, et des animations basket en France, ainsi qu’en organisant mes propres tournois sur l’Île de France, ce qui n’est pas toujours évident. Donc, je souhaiterais attirer plus de jeunes plus facilement, et donc diffuser le site internet pour que ça se fasse. Il faut qu’on voit qu’il y a un besoin de plus de jeunes, mais aussi de plus de coachs pour nous accompagner tout l’été.
JJ: Pour finir, quelle est la date du prochain stage?
CA: du 9 au 24 juillet 2024

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